Les incendies qui ravagent le Canada aujourd'hui nous alertent à nouveau sur l’impact du réchauffement climatique dans nos vies quotidiennes. Comme le dit Justin Trudeau "Ces feux sont plus fréquents à cause des changements climatiques", et “c’est vraiment la présence de particules fines dans l’air qui est inquiétante”. Il apparaît essentiel, aujourd’hui, que chaque pays abritant de grandes forêts prévoit les outils et les actions nécessaires à la protection des individus et de l’environnement.
Situation et évolution des incendies dans le Monde
Ravages au Canada
Depuis le début du mois de mai, le Canada est soumis à d’impressionnants incendies de forêt qui parcourent tout le territoire en commençant par l’Ouest pour finir à l’Est. De par sa position géographique, le pays est touché plus rapidement par le dérèglement climatique que le reste du monde.
Avec près de 5 millions d’hectares brûlés (800.000 au Québec), la pollution générée par les feux s’étend jusqu’aux Etats-Unis. Aujourd’hui, la fumée se déplace jusqu’en Norvège à très faible concentration.
Point sur l'Amazonie
En 2022, le Brésil a connu des incendies sans précédent. La forêt amazonienne a vu 630.000 de ses hectares détruits par les incendies. On recense plus de trente mille foyers actifs avec des conséquences sur la santé des hommes, la biodiversité et le climat à l’échelle mondiale.
Les feux en France et en Europe en 2022
Les forêts européennes ont connu aussi des dommages significatifs en 2022 avec près de 800.000 hectares brûlés. En France, nous avons pu assister lors de l’été 2022 à plusieurs feux impressionnants dans les pins de la région du Pilat (20.000 hectares brûlés). L’Espagne a connu également de nombreux incendies en 2022 avec près de 300.000 hectares détruits. En mai dernier, la côte Ouest a subi le ravage de 12.000 hectares par un incendie qui est aujourd’hui maîtrisé.
Composition des fumées
Le mélange de brouillard et de fumée (en anglais “smog”) qui se dégage des feux de forêts contient du dioxyde de soufre (SO2), du dioxyde d’azote (NO2), du monoxyde de carbone (CO) et de minuscules particules indétectables et invisibles à l'œil nu. Ces dernières sont appelées “particules PM 2.5” car elles ont un diamètre infiniment petit de 2.5 micron (μm). Alors que les gaz sont dangereux lorsque l’on se situe près des feux, les particules peuvent se déplacer sur des milliers de kilomètres et toucher des individus sans qu’ils s’en rendent compte.
Conséquences sur la santé de l'homme
Les particules de “smog” sont si petites qu’elles circulent facilement dans tout l’organisme, pénétrant les poumons, les muqueuses mais aussi les voies sanguines.
Selon la durée de présence dans une atmosphère toxique et la quantité de fumée inhalée, les risques seront plus ou moins importants. C’est pourquoi les personnes exerçant une activité physique et les travailleurs opérant en extérieur sont plus impactés par l’exposition aux substances nocives des feux. Les plus sensibles seront aussi les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, les individus ayant des antécédents ou des problèmes de santé actuels.
Les premiers symptômes pouvant subvenir à l’exposition des fumées sont des maux de tête, des vertiges, une toux ou de l’irritation aux yeux, au nez et à la gorge. Pour les cas plus graves, un risque d’asthme, des AVC ou des crises cardiaques sont possibles.
Les fumées ayant une concentration en gaz divers très denses, les effets peuvent être différents d’une personne à l’autre. Voici le détail des effets néfastes des différents gaz composant les fumées de feux de forêts :
Le dioxyde de soufre
Incolore, il est composé de soufre et d’oxygène (SO2). Le gaz se repère grâce à une forte odeur déplaisante et étouffante.
Il touche le système respiratoire et pulmonaire pouvant provoquer une toux, une surproduction de mucus, un asthme important, des bronchites à répétition et une sensibilité aux infections respiratoires. Le SO2 peut aussi entraîner des irritations oculaires et au niveau des muqueuses, des lésions graves de la peau et des yeux. A forte concentration, il peut aggraver des maladies respiratoires chez les personnes sensibles ou atteintes.
L’acidité du dioxyde de soufre est particulièrement nocif pour l’écosystème. Lorsque le SO2 est rejeté dans l’air avec une présence d’eau, il se transforme en acide sulfurique (H2SO4) qui provoque la formation des précipitations acides. Les dépôts acides endommagent le patrimoine architectural, l’acidification des eaux en surface tuent des espèces animales et affectent les chaînes alimentaires d’eau douce et marine, les sols sont appauvris et dégradés entraînant des effets néfastes sur les végétaux.
Le dioxyde d'azote
Avec une odeur irritante, le dioxyde d’azote est composé d'azote et d’oxygène (NO2). De couleur brun-rouge, ce gaz est toxique et asphyxiant.
Le NO2 est particulièrement néfaste pour les personnes asthmatiques car il attaque principalement les poumons. Lors d’une exposition de longue durée, même à faible concentration, les problèmes respiratoires peuvent se faire sentir avec une toux ou une respiration sifflante, symptôme d’une crise éventuelle d’asthme. A forte concentration sur une courte période, une inflammation des voies respiratoires est possible.
Comme le SO2, le dioxyde d’azote agit sur le phénomène des pluies acides qui affaiblissent les milieux naturels et participent à la formation de l’ozone troposphérique (polluant gazeux incolore et irritant se trouvant juste au-dessus de la surface de la terre, créé par la rencontre de deux polluants réagissant au soleil et à l’air stagnant).
Le monoxyde de carbone
Le monoxyde de carbone, incolore et sans odeur, est constitué d’un seul atome de carbone et d’un seul atome d’oxygène (CO).
Le monoxyde de carbone est un des gaz les plus dangereux pour la santé car il prend la place de l’oxygène dans l’air. Il agit directement sur les voies sanguines et empêche le transport de l’oxygène vers les organes vitaux tels que le cœur ou le cerveau. Une personne faiblement exposée au CO voit apparaître des signes de fatigue, nausées ou maux de tête. A forte intoxication, il asphyxie rapidement l’organisme ou le cerveau, il provoque des défauts de jugement, de la confusion, une perte de connaissance, des convulsions, des douleurs thoraciques, un essoufflement, de l’hypotension artérielle jusqu’au coma.
Le CO participe à l’effet de serre : son oxydation le transforme en CO2 (dioxyde de carbone) qui a un rôle majeur dans le dérèglement climatique, il participe également à l’augmentation du CH4 (méthane) et du N2O (protoxyde d’azote) contribuant aussi au réchauffement climatique et donc a un impact nocif sur l'écosystème.
Particules fines PM2.5
Les particules très fines émises par les fumées des feux de forêts sont un mélange de composés chimiques. Ils contiennent du Black Carbone provenant de la combustion incomplète des énergies fossiles, de la matière organique primaire issue de composés organiques volatils émis par l’activité humaine et la végétation, des substances inorganiques tels que les sels de mer, des espèces inorganiques comme le nitrate, le sulfate ou l’ammonium.
Les particules PM2.5 (diamètre de 2.5 microns - μm) dégagées par les phénomènes de combustion représentent la majorité des polluants présents dans l’atmosphère. Leur taille leur permet de pénétrer facilement dans l’appareil respiratoire, les poumons et les voies sanguines. Ils affectent le système neurologique et cardiovasculaire, ils jouent un rôle essentiel dans le développement de cancers.
Comment se protéger des fumées?
Dans le cadre d’incendie de forêts, les scientifiques calculent régulièrement la concentration des cinq polluants (ozone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, particules fines PM2.5) présents dans l’atmosphère pour contrôler la qualité de l’air et informer la population si besoin.
La qualité de l’air est dite mauvaise lorsque le taux de concentration des polluants dépasse 35 microgrammes par m3, le Canada atteint 266μg. Les fumées ayant touché la ville de New-York, la métropole américaine s’est vue décernée le prix de la ville la plus polluée le 07 juin dernier, avec un indice de qualité de l’air de 80 au lieu des 50 fixant la limite d’une bonne atmosphère.
Pour déterminer la qualité de l’air, les chercheurs s’équipent de détecteur portable au cours de leurs analyses leur permettant à la fois de se protéger en étant alerté du seuil de concentration des gaz et définir si l’atmosphère est respirable.
A la suite des incendies canadiens, le gouvernement américain sollicite ses concitoyens à ressortir les masques utilisés lors de la pandémie covid19.
Les scientifiques appréhendent l’après car les particules fines extrêmement nocives resteront dans l’atmosphère sans qu’elles soient visibles. Les autorités souhaitent anticiper en équipant les villes du matériel nécessaire pour protéger la population.
Le monoxyde de carbone est un bon indicateur pour mesurer le taux de pollution. Il a une durée de vie de plusieurs semaines dans l’atmosphère pendant laquelle il peut se déplacer sur des milliers de kilomètres. Cela permet aux scientifiques de suivre l’évolution d’un nuage de pollution sur des pays ou continents divers car les émissions de CO lors de feux de forêt sont très importantes.