histoire detection gaz et protection

Bien que nécessaire, car indispensable à la vie, le gaz a toujours fait l’objet d’innombrables inquiétudes : cet « état invisible » angoisse, effraye, terrorise à cause des terribles catastrophes dont il est l’auteur. Régulièrement, des accidents tout aussi impressionnants que dramatiques, coûtent la vie à de nombreuses personnes. Pourtant, la détection de gaz ne date pas d’hier, et l’ingéniosité des hommes a donné naissance aux premières formes de détection de gaz et de protection respiratoire.
Au fil des siècles, la détection de gaz a connu une évolution remarquable, passant de méthodes rudimentaires à des technologies sophistiquées. Retraçons l'histoire fascinante de la détection de gaz, depuis ses débuts modestes jusqu'à ses avancées modernes.

C’est courant XVIIIème que les avancées dans la chimie ont jeté les bases d’une détection de gaz plus sophistiquée. Le chimiste suédois Carl Wilhelm Scheele a joué un rôle crucial en identifiant de nombreux gaz, dont le dioxyde de soufre et l'ammoniac, et en développant des méthodes pour les détecter. Il a également découvert le chlore gazeux, un gaz toxique notoire, et a développé des méthodes pour le manipuler en toute sécurité. 

La révolution industrielle de la première moitié du XIXe caractérise l’apogée de l’exploitation des mines. Durant cette période, les avancées scientifiques dans ce domaine étant limitées, les accidents dus au gaz sont très fréquents.

La bougie : le premier explosimètre

C’est au cours de cette période de minage massif que sont apparues les premières formes de détection de gaz. Ainsi, la Lampe Davy, plus communément appelée «Lampe de sûreté», est le premier moyen de prévention contre le gaz. Cette bougie, équipée d’un fin grillage métallique, avait une double utilité : éclairer et protéger. Ce fin grillage métallique empêchait les flammes de s’étendre de l’intérieur vers l’extérieur de la lampe, et ce, même en cas de présence de gaz car la chaleur était absorbée par le métal. Cependant, lorsque les flammes s’intensifiaient, cela signifiait la présence de gaz explosif.

lampe Davy

Le canari : premier détecteur de gaz toxiques et asphyxiants

Au XIXe siècle en Europe, pendant la ruée vers le charbon, le canari servait d’outil de référence. De par sa composition biologique avec ses poumons plus petits et une circulation sanguine bien plus élevée, il était hautement plus vulnérable que les mineurs aux émanations de gaz toxiques (tel que le monoxyde de carbone) et asphyxiants (tel que le dioxyde de carbone, ou la faible teneur en oxygène). Lorsque le canari ou le pinson (autre oiseau moins médiatisé) se hérissait, poussait des cris stridents, s’évanouissait ou même mourrait, il fallait évacuer la mine de toute urgence.

Le coton et le tuyau étanche : premier masque à gaz

Entre 1799 et 1914, des ingénieurs de l’industrie minière imaginèrent les premiers masques anti-gaz pour sécuriser les risques liés aux gaz dans les mines, et ainsi éviter de ralentir la production. Cette idée fut reprise en 1912 par un Afro-Américain qui créa le premier équipement de protection respiratoire filtrante. Ce dernier, était composé à l’origine d’un morceau de coton volumineux et de deux tuyaux qui pendaient jusqu’en dessous des genoux afin de récupérer l’air jugé «plus pur» car «non consommé». Des éponges humidifiées étaient placées à proximité de la sortie des tuyaux pour augmenter la qualité de l’air.

Le textile, l’urine et l’eau : premier filtre anti-gaz

Dès 1914, au commencement de la Première Guerre mondiale, les premiers tests d’armes chimiques sont réalisés. L’un des plus connus, le gaz moutarde (tirant son nom de sa couleur jaunâtre) était réputé pour être extrêmement irritant, tout comme le chlore. Libéré à haute dose dans l’atmosphère, il obligeait les soldats à sortir de leurs tranchées. Les Canadiens expérimentèrent même un système de fortune pour s’en protéger : pour se faire, ils prenaient un torchon qu’ils imbibaient d’eau, de bicarbonate de soude et... d’urine, car l’ammoniac contenu dans l’urine réagissait avec le chlore. Bien qu’efficace, les soldats abandonnèrent ce système à la fin de la guerre au profit du thiosulfate de sodium en poudre car cette substance occasionnait moins de gênes.

 

Ces 4 exemples constituent les premières formes de détection de gaz et de protection respiratoire utilisées à grande échelle que le monde ait connues. Aujourd’hui, le canari peut remercier la cellule électrochimique qui détecte bien plus précisément les gaz toxiques ! La bougie, elle, a été remplacée par la cellule catalytique. Le charbon actif et les cagoules spécifiques ont sans regret remplacé les moyens de fortune dont disposaient les mineurs et soldats du XIXe et XXème siècle.

Aujourd'hui, la détection de gaz est utilisée dans une variété d'applications, allant de la surveillance de la qualité de l'air à la sécurité industrielle. Les détecteurs de gaz modernes utilisent maintenant une combinaison de technologies, des capteurs intelligents, électrochimiques, à semi-conducteurs, ou même infrarouges. Des méthodes spécifiques via des réseaux informatiques permettent une surveillance en temps réel et une réponse rapide en cas de détection de gaz dangereux.

L'histoire de la détection de gaz témoigne d'une évolution constante, passant de méthodes rudimentaires à des technologies de pointe. Cette progression continue reflète l'engagement de la société envers la sécurité et la protection de l'environnement. La détection de gaz demeure un domaine crucial pour garantir un avenir sûr et durable.

Avec les progrès technologiques constants, l'évolution des équipements de protection respiratoire se poursuit. La recherche et le développement visent à rendre ces dispositifs plus efficaces, plus confortables et plus faciles à utiliser.

Il est important de noter qu’aujourd’hui l'efficacité de la protection respiratoire dépend de plusieurs facteurs : la conception du dispositif, la qualité des filtres utilisés, l'ajustement approprié sur le visage de l'utilisateur et la conformité aux normes de sécurité. Ces normes évoluent constamment afin de garantir une protection adéquate contre les risques respiratoires.